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[Tribune] Roger Chudeau (RN) : « L’écriture inclusive, une question politique »

Par

Roger Chudeau

Publié le

22 juin 2023

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Roger Chudeau

« L’écriture inclusive est un péril mortel pour la langue française » déclarait le 26 octobre 2017 madame Hélène Carrère d’Encausse. Le cri d’alarme de la Secrétaire perpétuelle de l’Académie française a-t-il trouvé l’écho que l’opinion publique accorde à des « lanceurs d’alerte » souvent moins inspirés ? Il est permis d’en douter.

L’écriture inclusive se répand en effet dans des secteurs de plus en plus nombreux de la société française. Quasi hégémonique désormais dans les universités de sciences humaines et certaines grandes écoles, elle s’insinue dans l’enseignement scolaire, où elle est largement encouragée et diffusée par des organisations syndicales acquises à l’idéologie de la déconstruction.

Certes, la circulaire Blanquer du 5 mai 2021 en proscrit l’utilisation dans l’enseignement scolaire, mais nombre de publications pédagogiques, d’articles, de correspondances professionnelles usent aujourd’hui couramment de cette « novlangue » d’un nouveau genre. Des administrations publiques comme Pôle Emploi, par exemple, n’hésitent pas à proposer des formulaires où l’on peut lire « est-vous enceint.e ? », où s’allient presque naturellement écriture « inclusive » et théorie du genre. Dans le monde de l’entreprise, dans celui de la publicité, les formules « inclusives » abondent, clins d’œil managériaux ou commerciaux, laborieux tribus payés à « l’air du temps ».

Lire aussi : Roger Chudeau (RN) : rééducation nationale

Ce panorama rapidement esquissé amène à une première conclusion : ni l’avertissement de la plus haute autorité en matière de défense et d’illustration de notre langue, ni une injonction du ministre de l’Éducation nationale ne suffisent à faire obstacle au développement viral de ce qui s’apparente à une entreprise délibérée de déconstruction de notre langue nationale.

Car il faut rappeler ici que l’écriture « inclusive » repose sur des postulats idéologiques insensés, tirés de la vulgate féministe et wokiste. Le français serait « sexué », « androcentré ». Notre langue serait la traduction linguistique de la domination patriarchale constitutive de notre société ! Que l’histoire de la formation de notre langue, que ses principes grammaticaux démentent totalement ces affirmations délirantes n’impressionne pas les promoteurs de l’écriture inclusive.

Expliquer ensuite que cette écriture n’a rien d’inclusive car elle est, tout au contraire, un obstacle réel et infranchissable pour les élèves en difficulté d’apprentissage, sans même parler des allophones qui abordent le français comme une langue étrangère, ni des locuteurs de la francophonie que nul n’a songé à consulter, laisse de marbre ces nouveaux Savonarole du langage et de la pensée.


« Le projet wokiste dans lequel s’inscrit la promotion de l’écriture inclusive vise précisément à déconstruire l’édifice culturel et civilisationnel de notre pays »


Roger Chudeau

C’est donc que leur querelle n’est pas de nature linguistique mais clairement politique. Il s’agit d’une tentative d’« effacement » (cancel culture) d’un bien commun essentiel ; car une langue n’est pas qu’un moyen de communication ou d’expression, c’est la traduction d’une « Weltanschauung », d’une conception du monde, d’une sensibilité, d’une spiritualité, bref d’une civilisation. Or le projet wokiste dans lequel s’inscrit la promotion de l’écriture « inclusive » vise précisément à « déconstruire » l’édifice culturel et civilisationnel de notre pays.

C’est pourquoi, et ceci est la seconde conclusion que l’on peut tirer de cette dérive, c’est bien à la représentation nationale qu’il échoit, car elle seule en a le pouvoir et le devoir, de se saisir de cette question et de faire pièce à cette entreprise.  Plusieurs propositions de loi (François Jolivet, Anne-Laure Blin, Etienne Blanc, Roger Chudeau) ont déjà été déposées dans ce sens.

Le groupe RN de l’Assemblée nationale conduira lors de la prochaine session une mission d’information parlementaire sur le développement de l’écriture « inclusive ». Il sera ensuite plus que temps de légiférer pour sauver l’un de nos biens les plus précieux, le français, langue de la République.

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