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[Idées] Pourquoi avez-vous peur ?
Qu’est-ce au juste que la crainte, ce septième don de l’Esprit Saint aux définitions souvent insatisfaisantes ? Avec son sens habituel de la formule, le philosophe Martin Steffens propose dans cet essai une réponse édifiante et profonde. Confondue avec la peur au sens strict, la crainte en est bien une, mais dans un sens tout particulier : assumée, elle est une peur « qui ne craint pas d’avoir peur ». La crainte de Dieu n’est pas plus une vertu à acquérir : elle est un don de l’Esprit Saint, le premier de tous, car elle prédispose celui qui la reçoit au « vertige de l’abandon d’une créature à la providence de son créateur ». Par une « déprise » de lui-même, son récepteur consent à l’irruption de Dieu dans sa vie, Dieu qui, dans son rapport trinitaire même, fait le premier l’expérience de la crainte. [...]
[Idées] Personne humaine ou bien commun
Doyen de la Faculté de philosophie de l’Université Laval entre 1939 et 1956, père de onze enfants, Charles De Koninck est connu pour avoir croisé le fer avec Jacques Maritain autour de la question du personnalisme. L’homme est-il ordonné à la société ou celle-ci est-elle faite pour l’homme ? Luttant contre le totalitarisme, Maritain affirme dans Trois réformateurs (1925) que la personne humaine est première dans l’ordre des fins mais subordonnée au bien commun dans l’ordre des moyens : « Ainsi chaque personne individuelle, prise comme individu partie de la cité, est pour la cité, et doit au besoin sacrifier sa vie pour elle. Mais prise comme personne destinée à Dieu, la cité est pour elle, j’entends pour l’accession à la vie morale et spirituelle et aux biens divins, qui est la fin même de la personnalité ; et la cité n’a vraiment son bien commun que moyennant cet ordre. » [...]
Alexis de Tocqueville : prophète de la dictature de la pensée unique en démocratie
Émancipé de tout enracinement dans une loi naturelle, une tradition nationale ou un droit divin, l’homme moderne a le sentiment d’être libre et de n’obéir qu’à ses désirs. L’auto-référencement de sa pensée lui en serait une preuve irréfragable. Pourtant, il n’en est rien, comme l’expliquait Alain Finkielkraut dans son discours de réception à l’Académie française le 28 janvier 2016 : « Les démocrates, les modernes que nous sommes, prétendent n’obéir qu’au commandement de leur propre raison, mais ils se soumettent en réalité aux décrets de l’opinion commune. Le bon sens apparaissant comme la chose du monde la mieux partagée, on se défie des supériorités individuelles […] mais du “On” lui-même, chacun est la victime consentante. Comme l’a montré Tocqueville, nous sommes, en tant que citoyens libres et égaux, les sujets dociles du pouvoir social ». [...]
[Idées] Le wokisme est un gauchisme
La philosophe américaine Susan Neiman ajoute son grain de sel dans le débat qui fait rage sur la nature du « wokisme » en tentant de tracer une frontière étanche entre la véritable gauche et ce virus qui l’aurait pervertie. Ce sont trois principes cardinaux de la gauche qui auraient été trahis : l’universalisme, une vision positive de la justice et la croyance au progrès, ne laissant derrière eux qu’un tribalisme nihiliste sans horizon de concorde ou de justice sociale, une lutte d’intérêts opposés qui congédie la réflexion sur le bien. Dénonçant l’influence intellectuelle de Foucault (et de Carl Schmitt !) chez ces militants qui prônent ouvertement une guerre entre « opprimés » et « oppresseurs » sans espoir de réconciliation, Neiman appelle la gauche à revenir à ses fondamentaux et à la recherche d’une utopie pour tous. [...]
[Idées] Alain Badiou : le penseur qui s’aimait
Alain Badiou, telle la comète de Halley, revient cycliquement pour éclairer fugacement les cieux enténébrés de la philosophie politique française.L’attente ne fut pas très longue, puisque l’aimable ichtyosaure du maoïsme, sentant probablement son heure venir, nous gratifie presque tous les ans d’un nouvel opus. Cette fois-ci, le philosophe préféré des auditeurs de France Inter ose s’aventurer dans l’autobiographie philosophique. Casse-gueule ? Pas vraiment. Surtout à l’âge où plus personne ne vous contredit. Et surtout lorsqu’il s’agit de témoigner, avec la pétulance du « vieux sage revenu de tout », d’un parcours quasi-sans faute effectué pendant les Trente Glorieuses, depuis Toulouse-sous-les-bombes jusqu’à la création de la « grandiose section socialiste de l’École Normale Supérieure ». [...]
[Idées] La Moyen Âge restauré
L’excellent Martin Aurell, flamboyant médiéviste ayant écrit quelques ouvrages fondamentaux sur la littérature arthurienne, se fend, avec ce brûlot érudit, d’une défense et illustration du Moyen Âge aussi stimulante que lumineuse. Exaspéré, comme tous ceux qui connaissent ce millénaire, par la mauvaise réputation que lui ont taillée les prétendues Lumières et que relaient sans cesse des médias paresseux et incultes, Aurell revient point par point sur les préjugés les plus communs qui sont véhiculés sur son compte : misogyne, xénophobe, inculte, barbare, sombre ou sanguinaire, et fait de chacune de ces répliques le prétexte d’une mise au point et en perspective implacables. [...]
[Idées] Les vertus : que le mystère soit
Peu connu en France, Peter Geach est un philosophe britannique analytique majeur du XXe siècle, mort en 2013 à 97 ans. Avec sa femme Elizabeth Anscombe et d’autres, il eut l’originalité d’allier la philosophie analytique à la pensée de saint Thomas d’Aquin, de manière à former le « thomisme analytique ». Il œuvre ainsi au renouvelle- ment à l’aide de la logique du traitement des questions métaphysiques, mais aussi morales. Tel est du moins l’objet de l’ouvrage Les Vertus, paru en 1977, récemment traduit en français et introduit par Roger Pouivet, professeur à l’université de Lorraine et éminent représentant français du « thomisme analytique ». Alors que l’éthique des vertus refleurit en Grande-Bretagne dans les années 1970, à la faveur d’une relecture de l’éthique aristotélicienne, Peter Geach discute des vertus non seulement d’un point de vue philosophique, mais encore sous un angle théologique. Il pratique ce qu’on peut nommer une « théologie philosophique », c’est-à-dire un examen des mystères de foi par les outils et concepts logiques rationnels. [...]
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Quand le wokisme s’immisce dans le monde de l’entreprise
On connaît bien désormais le wokisme et ses ravages sur la société, analysés par de très nombreux essais plus ou moins bons ces dernières années. Ce qu’on ignorait davantage (signalant tout de même Le Capitalisme woke d’Anne de Guigné), c’est à quel point la sphère économique est gagnée par ce mouvement en France – car on nous parle souvent des États-Unis, et nous fantasmons une résistance française – et selon quelles modalités. C’est désormais chose connue grâce à L’entreprise face aux revendications identitaires (PUF), un ouvrage novateur écrit par Brice Couturier, journaliste et essayiste français, et Erell Thevenon, docteur en droit et déléguée générale de l’Institut pour l’innovation économique et sociale (2IES). Grâce à de nombreux témoignages édifiants, cette enquête de fond est une véritable plongée dans les « entreprises qui relaient le mouvement identitaire victimaire, par leur stratégie commerciale, de communication ou leurs politiques internes ». [...]
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L’Incorrect numéro 61

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